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【Bandcamp review】Stick to my skin
by Michel Henritzi
Published in revue & corrigee. ( 2022 September)
évoque très nettement Taku Sugimoto, celui de l’album « Opposite », un même rapport au temps, au silence, à l’ombre. Une même parenté avec Morton Feldman, chez qui chaque note est indépendante de celle qui la précède ou la suit, le primitive blues aussi à travers sa « pauvreté » essentielle. Il revendique également l’influence de Tetuzi Akiyama, comme une inspiration. De belles parentés qui situent sa musique.
Takashi Masubuchi a commencé à faire de la musique en développant une musique de drones, mais très vite il s’en est détournée, ennuyé par cette facilité technique qui consistait à ne jouer que des réglages sur de nombreuses pédales d’effet, ayant le sentiment de s’y perdre, de s’absenter. Il reprend l’instrument à ses origines, dans le dépouillement acoustique, le jeu seul, les doigtés méticuleux, jouant d’une extrême lenteur, laissant chaque son mourir et renaître dans l’entre-sons. Il a une approche quasi artisanale au son, comme s’il en soupesait chaque grain, qualité, résistance, possible, avant de le déposer dans sa grille temporelle, l’articuler aux autres, les assembler. Sa musique évoque les haïkus, « Cette incision très légère faite dans la trame du temps* ». Ses notes ne racontent pas d’histoires mais nous saisissent dans leur vibration infime, nous porte dans une extase calme et rêveuse, un abandon.
Jetez une oreille curieuse à cet autre très beau disque où il joue en compagnie de Taku Sugimoto, une improvisation : « Live at Ottoto & Permian », paru sur Confront Recordings.
* Philippe Forrest in « Haïkus, etc », Ed. Cecile Defaut.
Michel Henritzi